Le gouvernement mexicain dit avoir acquis la « certitude » de la mort des étudiants disparus / Le monde

Le Monde.fr / AFP / diario19.com

Photo de l'un des étudiants disparus depuis le 26 septembre à Iguala, au Mexique.

C’est une première réponse faite aux familles des victimes qui manifestent depuis des semaines pour connaître la vérité, mais une réponse sans preuve. Le ministre de la justice, Jesus Murillo Karam, a annoncé, mardi 27 janvier, que les autorités ont désormais acquis la « certitude » que les 43 étudiants disparus en septembre dans le sud du pays ont été assassinés par des tueurs du crime organisé.

L’enquête, qui inclut les déclarations de près d’une centaine de détenus et des éléments matériels, « nous donne la certitude légale que les élèves enseignants ont été tués dans les circonstances décrites », à savoir leur enlèvement par des policiers locaux et leur meurtre par des membres d’un cartel, a déclaré le ministre au cours d’une conférence de presse.

Les aveux de détenus et les expertises « nous ont permis de faire une analyse logique des causes et de parvenir, sans aucun doute possible, à la conclusion que les étudiants ont été privés de leur liberté, puis qu’on leur a ôté la vie, avant de les incinérer et de les jeter dans la rivière San Juan, dans cet ordre », a dit le ministre. « C’est cela la vérité historique », a-t-il affirmé.

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LA CRAINTE DE VOIR LE DOSSIER CLOS

Mais les parents des victimes refusent, pour l’instant, d’accepter ce scénario et craignent que le gouvernement ne déclare clos le dossier de l’affaire qui a horrifié le Mexique et la communauté internationale. Pour le moment, les experts du laboratoire autrichien d’Innsbruck n’ont pu identifier les restes que d’un seul des 43 étudiants et les proches des victimes affirment qu’ils ont encore l’espoir de retrouver les 42 autres.

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    Au Mexique, les familles des 43 étudiants disparus annoncent qu’elles vont désormais conduire elles-mêmes les recherches dans l’espoir de retrouver leurs proches. Elles ont à nouveau manifesté dimanche à Mexico City pour dénoncer l’inaction du gouvernement, qui s’est montré incapable, depuis trois mois, de résoudre l’énigme de leur disparition. ‘Nous allons les chercher nous-mêmes, dit le père d’un des étudiants. Nous ne faisons plus confiance au gouvernement, car il ne fait rien pour nous. Tout ce qu’il nous dit, c’est d’abandonner. Est-ce que le président mexicain abandonnerait s’il s’agissait de son propre fils ?” Les familles ont relâché des ballons depuis le centre de Mexico. Beaucoup gardent l’espoir de retrouver les jeunes hommes vivants. Les 43 étudiants mexicains avaient disparu il y a trois mois à Iguala dans l’État de Guerrero. Ils auraient été attaqués par des policiers corrompus puis remis à un groupe criminel local qui les aurait sauvagement assassinés. Des fosses communes ont été mises au jour, mais jusqu’ici, seul un corps a pu être identifié. Les autorités mexicaines auraient reçu l’aide du FBI pour la réalisation de tests ADN.

Les élèves enseignants de l’école normale d’Ayotzinapa ont été victimes, en septembre, d’une attaque armée de la part de policiers corrompus d’Iguala, ville de l’Etat de Guerrero, puis remis à des tueurs du cartel de trafiquants de drogue des Guerreros unidos. Début janvier, l’ancien maire de la ville d’Iguala, José Luis Abarca, et quarante-quatre autres personnes ont été inculpés de l’enlèvement des étudiants disparus.

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